Nous partons pour Miraj, capitale locale des luthiers du maharashtran. 6h de route pour 220 km, l'autoroute laisse place au bout de 2h a des petites routes de campagne, une fois passé les montagnes, tout est vert, les champs sont florissants et foisonants de la prochaine récolte, ici, apparement contrairement a l'autre côté des montagnes, il a plu. Tout se fait a force humaine ou animale, pas de tracteur en vue ou sinon, antédiluvien.
Les fermes sont souvent des paillotes en feuilles de palmier tressées, des énormes buffles noirs magnifiques, mais maigres, sont a la tache. Ils ne sont pas les seuls, les plus grosses exploitations emploient des travailleurs saisonniers, qui suivent les moussons et les récoltes, ce sont des nomades d'origine, apparement ils seraient la souche des gitans venus en europe, les femmes me font penser aux Kalderash de Roumanie.
4h plus tard nous arrivons a Miraj, petite ville ( pour l'Inde) a majorité musulmane, Naeem viens nous chercher et nous emmêne dans le quartier des fabricants.Naeem est le dernier de six générations de fabricants d'instruments a cordes et connait tout le monde ici, heureusemnt que Praashek est avec moi, contrairement a ce que m'avait dit mon luthier Naeem parle assez mal l'anglais.
Une magnifique rencontre, Naeem et sa famille m'ont tout expliqué de A a Z sur la fabrication des sitar, avec une gentillesse et une curiosité a mon égard assez impressionante.Ici, pas de machines, tout se fait a la main, a l'ancienne, par terre assis en tailleur, un savoir faire et le coup de main des gestes répétés maintes et maintes fois.
La caisse des sitar est constituée d'une calebasse qui au départ pêse 35 kg, mais une fois séchée finit a 250gr, elle est ensuite coupée verticalement, humidifiée et on y adapte la jonction du manche ainsi que les formes qui camouflent la jonction, elle seront sculptées en feuille plus tard.
Le manche est en deux partie, le dos est creusé, et la touche est collée par dessus, une mortaise est faite pour la fixation sur la jonction.
La table est creusée et collée sur la caisse, on y ajoute les décorations, la finition a la gomme laque au tampon ou bien une peinture si l'aspect du bois n'est pas satisfaisant. Ensuite finition, ajustage des clefs qui serviront a accorder la sitar, entre 18 et 21 suivant les modeles, mais toujours 7 clefs principales.
Vient au final le faconnage du chevalet, ceci n'est confié qu'a des luthiers expérimentés, opération difficile a réaliser, il faut de nombreuses années d'expérience pour maitriser cet art.
J'ai profité d'être sur place pour me faire fabriquer un chevalet en corne, le mien est en ébène et je voulais pouvoir en changer, le son étant fortement différent.
bref, nous avons passé en tout 7h sur place, avec visite de la scierie en prime et de la mosquée par la suite.
La mosquée est superbe très simple a l'extérieur, mais décorée magnifiquement a l'intérieur, avec au plafond, une fleur de lotus sculptée, Hervé, tu m'expliquera pourquoi, je croyais que dans l'islam, les représentations naturelles étaient interdites. Cet endroit a un cimetierre ou reposent deux musiciens suffistes reconnus, et tous les ans, un concert est organisé dans le cimetierre, mais interdiction d'applaudir, afin de ne pas déranger les défunts dans leur repos.
Merci du fond du coeur aux gens que j'ai rencontré, d'avoir pris le temp de m'expliquer leur travail.
Ha oui, Naeem en partant, m'a demandé si je ne voulait pas monter une usine de fabrication de guitare a Miraj avec lui.




Une mini tempura avec la caisse en oeuf d'autruche.

Un sursingar, un sarod basse.





Naeem en train de préparer des clefs de sarod pour Praashek.















Petite précision, la route de campagne, de nuit, en inde est assez sportive, le jeu consistant a éviter les chariot tirés par des boeux, sans lumiere ou catadioptre et a éviter les bus et les camions qui roulent a contresens en faisant des appels de phare pour que tu te pousse.